Logo, emblème et blason

Le muguet a été introduit à Collonges par César Paulet, ancien Maire (1870-1881) et pépiniériste, qui eut l’idée, après l’un de ses déplacements professionnels, d’en développer la culture.

Auparavant, la plante était assez rare à l’état sauvage dans les Monts d’Or mais sur notre commune toutes les conditions idéales étaient réunies : climat, nature du terrain, présence de murs en pisé dits murs chauds et arbres fruitiers pour ombrage.

Les particuliers et les agriculteurs se mirent alors à le cultiver, créant ainsi une véritable industrie locale et faisant de Collonges la capitale de cette fleur portebonheur pendant un siècle.

Parmi de nombreuses variétés, le Fortun, le Vienne, le Barbier… le Nantais et le Berlin étaient reconnus mais le Muguet « de Collonges », variété de plein air, était apprécié pour ses qualités uniques.

A partir d’une griffe et ayant pris le temps de pousser, avec sa tige très rigide et ses nombreuses clochettes à la forme allongée, le Collonges est très reconnaissable.

Le brin se cueille avec seulement une ou deux clochettes en fleur au bas de la tige, le reste des grelots étant encore blancs, voire verts pour ceux du haut. Son parfum et sa longévité restent inégalés.

Les griffes de muguet sont plantées dans des cassons, plates-bandes d’environ 1,20m de largeur, séparées par des allées.

Afin d’étaler la floraison et de jouer avec la météo, différentes astuces ou techniques étaient utilisées : orientation et plantation à l’abri de murs ou sous des arbres, ajout de rouleaux de paille dits paillis pour ombrer ou de tunnels en plastique.

Pour préserver ses qualités, le désherbage s’effectue plusieurs fois par an, entièrement à la main.

Les brins et feuilles étaient cueillis en vrac puis triés par taille. Les plus petits étaient généralement vendus en bouquets. Les plus grands partaient en bottes livrées avec des paquets de feuilles. Les fleuristes étaient sûrs de trouver à Collonges les quantités et surtout la qualité requise pour le commerce éphémère du 1er mai. Certains disaient que c’était l’Or Blanc ! L’intégralité de la récolte était toujours vendue d’avance. On venait de loin pour l’acheter, particulièrement de la Côte d’Azur. L’hôtel Saint-Martin, où les “Niçois” avaient leurs habitudes, ne désemplissait pas pendant les dix derniers jours d’avril.
Comme les vendanges et les foins, le muguet se travaillait avec les habitués, en famille et avec l’aide des amis acceptant d’être accroupis pour la cueillette ou penchés durant des heures sur la table pour trier les brins. Quel collongeard ne savait pas combien cette période de travail était intense et préoccupante face aux aléas de la météo qui pouvaient compromettre le rythme et les quantités des récoltes ?
On approvisionnait aussi le marché local. Les affaires se traitaient au marché Saint-Antoine puis au Marché Gare à partir des années 60, dès 1h du matin. Rien n’était perdu, après le 1er mai, des fleuristes locaux achetaient le surplus pour le revendre à des fleuristes allemands. Au début des années 2000, les familles Guillot, Padet, Rispal et Rivière étaient les quatre derniers producteurs de muguet de la commune.
Aujourd’hui encore, quelques parterres chez des particuliers nous renvoient à ces décennies où chaque jardin collongeard avait son casson de muguet….

Extraits complétés du livre « Mur, murs des Monts d’Or