La fermeture du pont de Collonges en cette période estivale nous renvoie quelques années en arrière…
En septembre 1944, le pont ayant été détruit, un bac à trail fut installé afin de permettre aux habitants de rejoindre l’autre rive, en attendant la reconstruction, d’abord du viaduc ferré, puis du pont. Guidé par un câble et propulsé par le courant et les rames, le bac était la garantie de fortes sensations provoquées par le courant.
Plus tard, en 1967, la construction de la route en rive droite de la Saône effaça la belle plage de Collonges. Elle accueillait, depuis des décennies, des milliers de Lyonnais et habitants des Monts d’Or chaque dimanche. Pour quelques francs, on pouvait même naviguer sur des embarcations rudimentaires. Mais attention, leurs noms seuls, les périssoires, suffisaient à vous donner froid dans le dos.
Un peu de rafraîchissement…
On se rafraîchissait à l’ombre des peupliers et dans l’eau. Très peu de gens savaient nager. Deux trous de dragage de 3m de profondeur à quelques pas du rivage guettaient les baigneurs. Paul Bocuse, souvent appelé en secours, laissait ses fourneaux quelques instants et avec son père, ils sauvèrent plusieurs malheureux proches de la noyade. Normal direz-vous quand votre aïeul avait pour surnom « Le Pirate de l’Ile Roy » ?
Plus sûr, vous pouviez traverser en embarquant avec Jeannot ou Dudu. C’était alors le bonheur des robinsonnades sur l’Ile Roy, au Lido, cabaret restaurant créé en 1932. Ultérieurement à l’Island-plage et son petit bistrot. Mais la dangerosité des sites obligea les autorités à faire fermer les établissements par la suite. Deux maisons furent construites en 1946, habitées une partie de l’année seulement à cause des crues. Elles sont aujourd’hui désertées. Plus tard viendra le Crusoé, toujours en service.
L’île Roy
L’île Roy n’a pas toujours eu sa forme. Au XVIIIe siècle, elle était composée de 4 îlettes appelées « les iles de Joussoux » (identifiées sous les noms d’« Islan », de « Fortunée » ou de « Roy »). Suite à des travaux dans le lit de la rivière, elles furent réunies d’abord en deux parties puis l’île prit sa forme actuelle en 1860 à cheval entre Collonges et Fontaines.
Cette île a toujours eu le goût des cachettes. Durant la guerre ce sont des armes que camouflèrent des hommes, tel Charles Joerg, Résistant combatif que les nazis finirent par arrêter. Aujourd’hui, les oiseaux viennent nicher et les castors y bâtissent leurs demeures.
Depuis quelques années, des visites sont organisées en septembre, pour permettre aux habitants de Fontaines et de Collonges de découvrir ce refuge et les traces de son passé. Collonges, Fontaines et la Métropole de Lyon souhaitent, à terme, mettre en valeur ce lieu privilégié. Elles recherchent une solution permettant un accès facilité. Un espace dans lequel la biodiversité serait le maître mot. Un sacré challenge !
Un article rédigé par l’association Au fil des Mémoires