Le 10 mars 1924, un terrible accident eut lieu à la halte des Grands-Violets de Collonges, faisant état de trois morts et quinze blessés. Que s’est-il passé ?
« Lancé dans la nuit comme un bolide, à une allure de 90 km/h, le Rapide Calais–Vintimille arrive à la halte des Grands Violets. Il était 4 h 18.
Soudain, dans l’emportement de la vitesse, un feu vert, le long du talus, sur la gauche, passe en éclair devant les yeux du mécanicien Charles Bocquet.
Le disque-signal ordonnait de ralentir et d’abandonner la voie normale de Perrache pour bifurquer, en traversant la Saône, sur Lyon-Brotteaux. M. Bocquet, désespérément, bloqua ses freins, afin d’aborder l’aiguille à la vitesse réglementaire de 35 km/h.
Un choc effroyable
Derrière lui, un choc effroyable se produit : la machine, pendant quelques secondes, oscilla sur ses roues comme secouée par quelque ouragan infernal, et finalement, pareille à un monstre blessé, se coucha sur le ballast, vomissant l’eau bouillante de sa chaudière. Le mécanicien et son chauffeur, Pierre Pouly, se trouvèrent projetés sur la voie.
Lorsqu’ils se relevèrent, stupéfaits d’être encore vivants, leurs yeux virent un spectacle tragique. Des wagons disloqués, éventrés, dressaient leur masse noire sur le bleu sombre de la nuit finissante. De ce chaos informe, des plaintes, des gémissements, des appels sortaient : des gens à demi-vêtus se dégageaient et fuyaient comme des fous à travers la campagne endormie. »
Le sauvetage
La nouvelle du déraillement arrive rapidement à Lyon. Plusieurs secours, à savoir, le secrétaire général de la police, le commandant des gardiens de la paix, vingt gardes, vingt-huit sapeurs-pompiers et trois médecins dont le docteur Bérard arrivent sur les lieux du drame pour secourir les survivants et prodiguer les premiers soins.
À 8 h, le sauvetage est terminé. Le bilan est douloureux, sur les trente-huit passagers du train, on déplore trois morts et quinze blessés. La plupart des victimes était de nationalité anglaise.
Une double enquête menée
Afin de connaître les raisons de ce drame, une double enquête est menée : une par le procureur de la République et par le commissaire spécial de la gare de Perrache et l’autre par la direction de la compagnie Paris-Lyon-Marseille. Un ensemble de circonstances (train en retard au départ de Paris, train supprimé finalement présent sur la ligne, les signaux non pris en compte, la météo, etc.), a poussé le mécanicien à freiner brutalement. « La brusque rupture d’équilibre dans sa vitesse entre la tête et la queue du convoi, jeta hors des rails un wagon de deuxième classe qui suivait le dernier sleeping : ce fut la cause de l’accident. ».
Le 12 mars, le juge d’instruction chargé de l’affaire inculpe le mécanicien d’homicide par imprudence en le laissant en liberté provisoire. Mais l’enquête se poursuivra.
Des détails insolites
Deux jeunes anglaises forts jolies, à demi-vêtues de vêtements pris au hasard, sont assises au revers d’un talus, cigarette aux lèvres, monocle à l’œil, et suivent indifférentes et flegmatiques, l’agitation qui se fait autour d’elles.
Encore délicieusement surprise de se savoir en vie, Mme Cormack faisait, hier, sur son lit d’hôpital, le récit de la catastrophe et dira : c’est un petit accident qui ne retardera notre voyage que de quelques jours. Tout de même, vos chemins de fer auraient bien pu nous éviter cette surprise, le jour même de l’augmentation des tarifs.
Un article rédigé par le service communication